Entre-deux-Mers - moulins
Moulin de Daignac (Daignac)
Les grands travaux d'aménagement de la vallée pour stocker l'eau derrière un barrage confèrent à ce moulin un caractère exceptionnel : vers 1120, les moines de l’abbaye de La Sauve-Majeure déplacèrent le lit de la Canaudonne en creusant un canal à travers le coteau calcaire pour laisser place à un étang.
Dans un second temps, ils élevèrent, en travers du vallon, un barrage d’environ cinq mètres de hauteur en bois, en terre et en pierre. Cette infrastructure, la seule connue de ce type à ce jour en Gironde, permit d’augmenter la hauteur de chute du moulin et d’offrir une meilleure capacité.
Le moulin disposait ainsi d’un important réservoir d’eau propice à un rendement énergétique des roues bien supérieur aux moulins installés sur biefs. Pourtant, ce système semble ne pas avoir atteint le XVIIe siècle car, à l'époque, seul un canal d'amenée conduisait l'eau de la Canaudonne vers le moulin, comme pour la plupart des autres moulins à eau de l'Entre-deux-Mers.
Au moment de la Fronde (1648-1653), le moulin fut régulièrement saccagé par des bandes de miliciens : en 1650, Guilhem Thieuley sollicita l'aide du Parlement de Bordeaux car les gens de guerre ont prins et enleve ses moutures [et] prins et emporte les grains que ses vallets vont ramasser pour le rendre en farine pour la nourriture du public comme aussy led bled quils portent au marché [et] ont fouillé, fouillent et battent ses vallets [et], leur prennent et emportent leurs habits.
Dans ce contexte, les moines ne parvenaient même plus à trouver de meuniers pour faire travailler leur moulin ! Remis en service au cours des années 1670, il fonctionna jusque dans les années 1890.
Construit au début du XIIe siècle, le moulin de Daignac est l'un des plus anciens de la Gironde.
Son éloignement de l'abbaye de La Sauve-Majeure dont il relevait et dont il était le principal pourvoyeur de farines, a obligé les moines à le doter d'organes défensifs comme l'illustrent les deux échauguettes et la bretèche.
Montées chacune sur une roue verticale, deux paires de meules assuraient la mouture pour les moines et les paysans.