Entre-deux-Mers - moulins
Moulin de Bagas (Bagas)
Situé sur le Dropt, le moulin de Bagas est le plus emblématique des moulins fortifiés de Gironde. Connu par les textes dès 1289, le moulin de Bagas appartenait à la puissante famille d'Albret dont elle fit l'un des maillons de leur réseau défensif.
Par suite des conflits militaires de la guerre de Cent Ans, le moulin passa, au début du XVe siècle, aux mains des Anglais : en 1436, Henri VI, roi d'Angleterre, donna à Pierre Durant, écuyer, le molendinorum de Bagatz. A la fin du XVe siècle, le moulin passa aux mains des bénédictins prébendés de La Réole.
En 1578, les Albret, qui en étaient redevenus propriétaires, le vendirent à François de Gautier, seigneur de Camiran, dont la famille le garda jusqu'à la Révolution.
Le moulin s’organisait vraisemblablement selon trois niveaux jusqu’à la fin du XIXe siècle. En 1886, un étage supplémentaire fut créé au-dessus du troisième niveau après l’achat du moulin par la famille Descas. Cet aménagement permit de mettre en place un diagramme de production de type industriel : les blés étaient hissés depuis le niveau des combles grâce à un monte-sacs et versés dans les silos du troisième niveau.
Le niveau situé sous celui de la porte d'entrée accueillait les roues motrices et l’opération de mouture des grains : quatre paires de meules couplées chacune à une roue horizontale moulaient le froment et le maïs. Les farines produites (gruaus) étaient acheminées par des ascenseurs à godets au premier étage pour être tamisées dans deux grandes bluteries. L'opération terminée, les farines étaient ensilées ou renvoyées au rez-de-chaussée pour être ensachées.Les eaux sont retenues par une chaussée au bout de laquelle un bâtiment abritait, au XVIIIe siècle, un foulon puis un moulin à huile. L'écluse, construite en 1841, facilita, durant une vingtaine d'années, la navigation sur le Dropt en permettant aux bateaux de circuler pour écouler les productions du haut-pays.
Puissante tour carrée flanquée, à chaque angle, d’échauguettes, le moulin de Bagas est équipé d'un arsenal défensif que seuls peuvent concurrencer, en Bordelais, les moulins de Cleyrac et de Piis.
On pénétrait dans le moulin par une passerelle en bois. Le rez-de-chaussée est muni d'archères (à l'est et à l'ouest), de fenêtres géminées trilobées et de latrines.
Un escalier, enfermé dans l'échauguette sud-ouest, conduit au premier étage éclairé par des fenêtres géminées. Des archères cruciformes percent chacune des façades et les quatre échauguettes pour couvrir au mieux chacun des flancs du moulin.
Se visite lors des Journées du Patrimoine
IMH 1926