Des pignons sur un bec
Introduction
Sous ce titre évocateur, il est proposé de repérer les différents types de maisons et de fermes qui présentent un mur pignon en façade et qui se trouvent sur le territoire constituant la partie septentrionale du pays d'Entre-deux-Mers, entre les rivières de Garonne et Dordogne qui se joignent au Bec-d'Ambès.
Parmi les constructions les plus répandues autour de Bordeaux, le type des maisons à mur pignon en façade semble moins fréquent que les autres modèles présentant, par exemple, un mur gouttereau en élévation principale. Les premiers exposent donc, en façade principale ou antérieure, un mur à pignon dont les rampants portent ou se prolongent au-dessus des versants d’un toit plus ou moins grand qui peut abriter logement et dépendances agricoles ou commerciales selon la fonction de la construction : maison de ville ou métairie des champs.
Pourtant, on rencontrait fréquemment la silhouette de ce type de construction, dont l’origine est médiévale, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Il a été éclipsé dans nos paysages par les vagues de constructions modernes dès la fin du XVIIIe siècle. L’usage de ces façades à pignon persiste cependant en milieu rural et la réalisation aux XIXe et XXe siècles de nouveaux modèles d’habitation - on pense aux chalets, villas et pavillons – donne lieu à une renaissance de ce schéma de construction.
Marie-Hélène MAFFRE
Chercheur émérite au service régional du patrimoine et de l’Inventaire – Région Aquitaine


Saint-Loubès. Roussane, chemin de Caderot, Chalet Roussane (XIXe siècle). (c) Région Aquitaine, Inventaire général, M. Dubau, 2008.
Les communes des cantons de Carbon-Blanc et Lormont
Les dix communes des cantons de Carbon-Blanc et Lormont couvrent cette zone partiellement incluse, depuis les années 1960, dans la Communauté Urbaine de Bordeaux.
L’étude de ces édifices est centrée sur ces terres proches de la ville afin de mettre en valeur la permanence de ce type d’habitat dont la nature a subi de nombreuses perturbations.
Territoire extrême de l’Entre-deux-Mers avec ses palus ou marais et ses coteaux, il présente deux aspects géographiques contrastés qui ont fortement orienté l’implantation des demeures.
En palus, celles-ci sont plutôt situées au bord d’une large jalle ou en bordure de Garonne, avec possibilité d’accès par voie d’eau. Sur le coteau, elles sont généralement implantées au carrefour des principales voies, dans les villages ou parfois au centre des domaines qu’elles commandent.
Sur ces friches remises en valeur par les colons dès le XVIe siècle, accompagnés de modèles plus récents, quelques spécimens, construits après les conflits du Moyen Âge, dressent encore leur silhouette entre les équipements industriels et routiers ou parmi les aménagements résidentiels récents.