Chavat : de marbre, de bronze et de verdure
Introduction

Domaine de Chavat - Garonne et Chavat depuis la rive droite © Région Aquitaine, Inventaire général, M. Dubau, 2006

A l’extérieur de l’enceinte du jardin, des serres, un jardin potager (disparu), une centrale électrique (démolie) et un château d’eau venaient compléter cet ensemble.
Pour réaliser ce dernier, Thévenot fait appel en 1917 à un jeune architecte, Charles-Edouard Jeanneret, qui prendra deux ans plus tard le pseudonyme de Le Corbusier.
Autour du château décentré au nord-ouest, le jardin, de type mixte, s’étend sur plus de 5 hectares. Une allée droite sépare le jardin régulier, en terrasse sur le fleuve, du jardin paysager qui se développe sur les deux tiers de la surface, au-delà de l’entrée en angle, côté village. Là, ceinturées par une allée haute, les allées tournantes se croisent, formant un cercle autour de la perspective d’entrée et une ellipse autour d’une serpentine avec son plan d’eau.
Côté fleuve se succèdent les espaces au tracé géométrique des tennis, du jardin floral et de salles de verdure encadrant un tapis vert. Au fil des couverts et des découverts, des compositions statuaires ponctuent la promenade et la réflexion. Ces marbres blancs et ces bronzes en provenance d’Italie sont des copies de l’Antiquité gréco-romaine et de la Renaissance italienne ou des créations s’en inspirant. La majorité des marbres est signée d’Ernesto Gazzeri ; quelques bronzes portent la marque de la fonderie romaine Nelli, l’un étant signé Pio Welonski.
Au début des années 1930, François Thévenot rencontre d’importantes difficultés financières et doit se séparer d’une partie de ses biens. En 1934, il vend le domaine de Chavat à la municipalité podensacaise qui désire y créer son « hospice pour vieillards ». Le jardin ouvre au public et la maison de retraite occupe le château jusqu’en 1999.
Force est de reconnaître que le site a subi de multiples dégradations. Les tempêtes de 1999 et 2009 ont meurtri le jardin en abattant de nombreux arbres. La disparition de certains marbres et bronzes majeurs, les mutilations ou les actes de vandalisme ne suscitent pas la réaction que mériterait un ensemble aussi original et cohérent que le jardin Chavat.
C’est le 19 avril 1915 que François Thévenot acquiert le domaine de Chavat pour y établir sa demeure. Démolition, travaux de terrassement et reconstruction sont menés rapidement.
Les murs en appareil rustique du château répondent à ceux de la maison du gardien et de la terrasse sur le fleuve. Dès 1916, l’architecte paysagiste parisien Charles Bouhana réalise un plan aquarellé et orné du jardin d'agrément, que met en œuvre, sans doute, l'architecte bordelais Henri Marmisse.
Situé en bord de Garonne, le domaine de Chavat fut aménagé au début du XXe siècle pour François Thévenot, riche industriel, dont le père est venu s’installer à Bordeaux à la fin du XIXe siècle.
La petite fonderie familiale fabriquait des chaudières pour les machines à vapeur des industries en développement (verreries, faïenceries…).
Reprenant l’entreprise à 22 ans, François Thévenot étend ses activités à la métallurgie et aux travaux publics. Il poursuit une carrière internationale et s’intéresse aux cultures des pays où son métier le conduit, tant en Chine qu’en Italie.
François Thévenot (1877-1944) : un homme d'exception
Fils de Jean Thévenot et de Marie-Louise Notte, François Jean est né à Castres le 13 juin 1877. Il épouse à Bordeaux le 30 septembre 1899 Marie-Adrienne Larousse dont il a une fille, Yvonne, en août 1900.
Divorcé, il quitte la région bordelaise et s’installe dans les Hautes-Pyrénées avec sa seconde épouse Marie-Marguerite Coutos (mariage à Paris le 13 décembre 1927). François Thévenot décède le 15 mars 1944 à Momères.
C’est en 1899, à l’âge de 22 ans, qu’il prend la direction de l’entreprise familiale.
Il oriente ses activités vers les travaux publics et développe considérablement l’entreprise. A la tête de la Société des grandes entreprises méridionales, il réalise des aménagements hydroélectriques et l’infrastructure qui les accompagne (vallées d’Ossau, du Louron, de la Neste, d’Aure).
Il construit des barrages (Arthous), des réservoirs (Oule), des centrales hydroélectriques (celle dite de Bordères, à Bédat, commune d’Arreau), des tunnels (Orédon, Auzat), des routes (route du Pic du Midi), des voies ferrées (celle du petit train d’Artouste), des viaducs (Petit Carol), des hôtels (Super-Bagnères, Cauterets).
Il peut intervenir pour le compte de sa société, soit en sous-traitant (avec la Compagnie du Midi par exemple). Il travaille en France, où la société a son siège à Paris avec plusieurs bureaux dans les Pyrénées, mais également dans le monde entier et surtout en Chine. Il effectue également de nombreux déplacements en Italie et participe aux fouilles de Pompéi.
Il s’est en outre engagé dans la vie locale des lieux qu’il a habités, conseiller municipal à Podensac, conseiller général dans les Hautes-Pyrénées. Il a fait bénéficier en outre les Podensacais de ses libéralités.
Texte établi d'après les travaux d'Anne-Marie Campos.
Le Parc Chavat aujourd'hui et demain
La deuxième phase débutera en 2016 pour prendre fin en 2018. Elle concerne le Discobole et le grand cercle qui l’abrite en prolongement de la perspective d’entrée, le temple de l’Amour et son environnement, l’exèdre et l’allée droite séparant jardin paysager et jardin régulier ainsi que les abords des tennis.
Le jardin appelé Parc Chavat est classé Monument historique en 2006 avec le décor sculpté, le parcours d’eau, les serres et le château d’eau. Il porte le label jardin remarquable depuis 2012.
Un important programme de restauration en cinq phases d’une durée de trois ans chacune a été défini en 2012.
La première phase de travaux s’achève (2013-2015) : elle concerne la restauration de l’entrée, du quinconce et de l’ancienne maison du gardien ainsi que des travaux sur une partie de la statuaire.
Françoise Zannese, chercheur au service régional du patrimoine et de l’Inventaire – Région Aquitaine
Joëlle Deyres, correspondante jardin à la conservation régionale des Monuments historiques